Si la situation n'est pas bonne, c'est qu'elle autorise le retour de catégories identitaires. Parce que le fonds de Marine Le Pen ce sont des catégories identitaires, elle n'annonce pas qu'elle va abolir la propriété privée, c'est le moins qu'on puisse dire, sa clientèle est composée de gens qui en sont absolument partisans. Les catégories identitaires fonctionnent comme une espèce de refuge ou d'abri contre les risques que le capitalisme fait courir aux classes moyennes qui, en Europe, sont ébranlées par l'idée que la bénévolence du capitalisme à leur égard n'est pas illimitée.
Les catégories identitaires ont ici un double avantage :
-Elles permettent d'abord de fixer un point d'appui (« je suis français – ce qui est bien par soi-même – et l'autre l'est pas » )
- Ca désigne un responsable. Il est quand même frappant que quand il y a une crise du capitalisme on trouve un responsable en allant chercher vraiment très bas. On ne sort pas de la fable de La Fontaine «Les animaux malades de la peste » … C'est quand même inimaginable que, quand on sait que les gens qui ont dévasté la situation sont des gens qui maniaient des milliards dans des conditions acrobatiques, qui faisaient des bénéfices gigantesques sur du vent, eh bien que le coupable de tout ça c'est le Roms, comme ils l'appellent, le Tsigane accusé d'être un voleur de poulets. Ce genre de bandits bénéficient de l'impunité à travers une manipulation identitaire qui est d'un sordide qui demande qu'on s'élève avec une énergie sans limites. Il faut se lever sur ce point. Et il faut se lever assez tôt, parce que dans les années 30, beaucoup de gens n'y ont pas cru.
La manipulation identitaire, quand elle commence à prendre, devient une arme très dangereuse, elle devient l'abri dans lequel la subjectivité se calfeutre contre le monde tel qu'il est et qu'elle ne voit plus. Quand vous pensez que tout ça c'est la faute des filles qui ont un foulard sur la tête ou du gitan qui passe dans un village, c'est que vous ne voyez plus le monde tel qu'il est, vous êtes aveugle, littéralement. "